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Exposition produite à l’occasion de la programmation Tandem Paris-Buenos Aires avec le soutien de l’Institut Français et de l’Ambassade de France en Argentine.

Lire la présentation de Andrés Duprat commissaire de l’exposition.
version française et version espagnole


Le sculpteur-voyageur

Pour sa première exposition en Argentine, dans la galerie de l´Alliance française de Buenos Aires, l’artiste français François Daireaux présente une série de photographies prises au cours d´une traversée du nord de la Chine (Mandchourie), en direction du fleuve Amour.
L’exposition Hacia el Am(o)ur joue dès son titre sur l´ambigüité qui apparaît lorsqu’on s’attache à définir une expérience alliant aspect documentaire et création.
On pense d´abord à une évocation nostalgique des projets héroïques des voyageurs européens du XIXème siècle. Or, dans le cas présent, l´artiste entreprend une traversée où les prémisses poétiques, les objectifs secrets et les défis personnels se substituent aux postulats scientifiques. Dans cette aventure hasardeuse, chaque digression, égarement ou déviation peut se transformer en une potentielle œuvre d´art.
Alors que les voyageurs des siècles passés s´efforçaient de conquérir le monde à partir de leurs découvertes des nouveaux territoires, Daireaux mène, quant à lui, une action comparable mais qui se révèle être un jeu parodique, complexe et enthousiaste : aller vers l´éloigné et le lointain, le surprenant et parfois l´absurde, pour témoigner de notre insondable réalité contemporaine.
La somme de ces images construit un récit complexe, fragmentaire et à plusieurs focales, qui met en scène autant de phénomènes culturels que de détails subtils et quotidiens et qui fonctionne comme un efficace et surprenant témoignage du monde qui nous entoure. Le réel devient, ainsi, à la fois un objet de représentation et une condition pour aborder l´insaisissable. Daireaux nous montre, à travers ses œuvres, en quoi l´éphémère, l´accidentel, le transitoire, le dégradé et l’accessoire sont des conditions indispensables à la compréhension du présent. La force de ses images réside principalement dans leur faculté à nous mettre en relation avec une nouvelle catégorie, que l´on pourrait appeler “l´inconnu familier”. Au travers d´un exercice rare d´anthropologie urbaine, l´artiste s´approprie l´image et lui confère un nouvel usage allégorique, transformant l´ordinaire en extraordinaire.
Ses photographies sont toujours marquées par le regard du sculpteur, discipline dont François Daireaux est issu. Au cours de ses voyages à travers le monde, il remplace le travail de l´atelier par la capture d´images à l´aspect sculptural : immeubles, ruines industrielles, artefacts variés, objets quotidiens, équipement urbain ou marchandises diverses. L´image photographique fonctionne alors comme le prolongement ou l´extension de son intérêt pour l´objet, comme un simulacre de sa pratique de la sculpture.
Son regard s’arrête toujours là où apparaît dans l’espace quelque chose de représentatif, quelque chose qui témoigne de l’empreinte, et de la volonté d’empreindre qui hante chaque culture. La série dans sa totalité peut s´envisager comme un fragment, ou comme une pièce d’un puzzle plus vaste fait de plusieurs voyages et d´innombrables images et découvertes, qui font de cette saga l´un des maillons d´une œuvre monumentale et encore, clairement, inachevée.

Andrés Duprat, Buenos Aires, février 2011.


El escultor viajero

En su primera exposición en Argentina, en la galería de la Alianza Francesa de Buenos Aires, el artista francés François Daireaux presenta una serie de fotografías tomadas durante el transcurso de una travesía por el norte de China (Manchuria), rumbo al río Amur.
Hacia el Am(o)ur - así se denomina la exposición- juega desde el título con la ambigüedad de la alianza que se establece al definir una experiencia que combina documentación y creación.
Advertimos en principio una evocación nostálgica de los proyectos heroicos de los viajeros europeos del siglo XIX. En este caso el artista emprende una travesía en la que los postulados científicos son sustituidos por premisas poéticas, objetivos secretos y desafíos personales. Y en esta aventura azarosa, cualquier digresión, extravío o desviación puede convertirse en una potencial obra de arte.
Si los viajeros de siglos anteriores se esforzaban en ampliar el mundo conocido incorporando sus “descubrimientos” provenientes de los nuevos territorios ; aquí y ahora, Daireaux lleva a cabo una acción en cierta forma análoga, pero que se revela como un juego paródico, complejo y entusiasta : Ir hacia lo lejano y remoto, a lo sorprendente y, por momentos, absurdo, para testimoniar lo inabarcable de nuestra realidad contemporánea.
La suma de sus imágenes construye un relato complejo, multifocal y fragmentario, que pone en escena, tanto fenómenos culturales, como sutiles detalles cotidianos que funcionan como una eficaz y sorprendente actualización del estado del mundo que nos rodea. Lo real deviene así, objeto de representación y, a la vez, condición de la experiencia de lo inasible. Daireaux nos señala a través de sus obras, cómo lo pasajero, lo accidental, lo transitorio, lo degradado, lo lateral, son condiciones irrenunciables para la comprensión del presente. La fuerza de sus imágenes radica principalmente en su poder de conectarnos con una nueva categoría, que podríamos denominar lo “familiar desconocido”. En un raro ejercicio de antropología urbana el artista se apropia de la imagen, y le confiriere un nuevo uso alegórico, transformando lo ordinario en extraordinario.
Sus fotografías están siempre marcadas por la mirada del escultor - disciplina de la que proviene-, y en sus largas travesías por el mundo, sustituye el trabajo de taller por la captación y producción de imágenes de objetos de clara impronta escultórica : edificios, ruinas industriales, artefactos varios, objetos cotidianos, equipamiento urbano o mercaderías diversas. La imagen fotográfica funciona entonces como una ampliación o extensión de su interés por el objeto, como un simulacro de la práctica escultórica. Su mirada siempre se detiene allí, donde algo que representa algo se hace presente en el espacio, y señala la marca, y la voluntad de marca, que cada cultura practica con convicción.
La serie en su conjunto puede verse también como un fragmento, o como una pieza de un engranaje mayor, hecho de muchos otros viaje y de innumerables imágenes y hallazgos, que hacen de esta saga un eslabón más de una obra monumental y aún, claramente, inconclusa.

Andrés Duprat, Buenos Aires, Febrero de 2011.